Le long des petites routes et au pied des maisons, ce qui nous a tout de suite choqué en Chine c'est la saleté omniprésente, les déchets sont partout et la pollution est juste incroyable. Il n'y a plus aucun cours d'eau, même au fond des montagnes, qui soit limpide. C'est parfois épouvantable de voir tout ce qui s'accumule devant les portes, alors que le pays déborde de paysages merveilleux, en contraste total avec la vision qu'on en a de près. Modestement, avec nos 3 semaines de présence en Chine, on a tenté une explication de cet état de faits sans vouloir juger ni critiquer mais juste montrer et comprendre.
D'abord, le rapport aux déchets: nous avons lu que d'après la médecine traditionnelle chinoise, il ne faut pas garder ses crachats ou mucus mais qu'il faut les évacuer car ils contiennent les maladies. D'où la coutume (ou le rituel d'hygiène selon le point de vue) qui consiste à bien se racler la gorge bruyamment et d'expectorer tout ce qui s'y trouve en un gros crachât. Et de tout envoyer par terre. Par terre, c'est aussi là où atterrissent tous les déchets ménagers et de table, serviette, mégots, bouts de couenne, pelures, etc, et cela pouvait se comprendre quand autrefois (ou aujourd'hui encore dans les campagnes) le sol était de terre-battue: les poules venaient picorer ces déchets, ou le chien ou les cochons. La poubelle n'existe pas, c'est le sol. Les plus gros déchets étaient jetés derrière la maison, et cela servait d'engrais ou de nourriture aux mêmes bestiaux. Tout rentrait dans le cycle de la vie.
Hélas, depuis peu est arrivé un intrus, pratique mais imputrescible: le plastique. Comme les poules ne sont pas des "plastivores", tout ces déchets finissent d'abord par-terre (ne marchez surtout pas pieds nus au restaurant!) puis sur un gros tas derrière la maison. Et ce tas grandit, s'étale, est remué par les mêmes poules, et se trouve assaisonné par les eaux d'égouts qui elles aussi ont découverts les produits chimiques et sont devenues toxiques. Et quand il y a trop de déchets, on les brûle devant sa porte, on les pousse dans un coin, ou en fin de compte on les emmène sur un camion pour les déposer dans un virage au bord de la charmante petite route de montagne, y compris dans la réserve naturelle. Et le vent et les crues du torrent se chargent d'éparpiller le tout, dans une myriade de petits drapeaux colorés. On a ainsi souvent croisé cette nouvelle et envahissante espèce de plante, "l'arbre à sachets"...
Voilà un portrait un peu désenchanté du monde rural actuel que nous avons traversé, auquel il faut aussi rajouter le comportement globalement négligeant du chinois en ce qui concerne l'entretient et le ménage (on construit, on utilise, mais on n'entretient rien) et le fait que le développement économique soit ici une priorité absolue (laissant la gestion des déchets, ménagers et industriels, à plus tard).
Heureusement, tout n'est pas si noir, dans les villes apparaissent des poubelles de tri, et à la télé passent des spots publicitaires incitant à ne rien jeter dans la nature.